Contact: L’EHPAD Guy Malé est joignable au 04 68 96 00 88. Pour tout renseignement, Mme Elodie IMBERNON, Responsable du Bureau des Entrées, se tient à votre disposition au 04 68 05 44 00. Elle peut aussi vous recevoir sur rendez-vous sur le site de l’Hôpital – Route de Catllar à Prades. Capacité d’accueil :
Le guide est accessible via le lien situé à droite de cette que de nombreux soignants se retrouvent sur les valeurs du soin, mais ne savent pas toujours comment faire dans la pratique lorsque se posent des problèmes de consentement aux soins, l’équipe de coordination du réseau gériatrie et soins palliatifs de Champagne-Ardenne a travaillé à la conception d’un guide d’aide à la réflexion en amont, pour s’approprier une démarche éthique proposant un cadre de questionnement, lorsqu’une situation concrète apparaît. Cet outil a donc été élaboré par des professionnels réunis à plusieurs reprises en un groupe de travail incluant tant des médecins et des paramédicaux que des cadres de santé et des directeurs de différentes structures sanitaires et médico-sociales de Champagne-Ardenne pour les professionnels. Il voudrait donner des repères et aider à la prise de décision au plus proche de l’intérêt et des désirs de la personne. En effet, dès lors que la personne âgée présente des altérations de ses facultés mentales ou cognitives, le recueil du consentement apparaît difficile à réaliser lorsqu’une décision doit être prise choix d’un lieu de vie, acceptation d’un examen complémentaire, d’un soin ou d’un traitement particulier, choix entre plusieurs solutions thérapeutiques, etc. Dans ces situations de fragilité, il s’agit de ne pas poser a priori que la personne est dans l’incapacité de décider ou de consentir pour elle-même, d’ailleurs la loi française n’impose pas de procéder à une évaluation plus ou moins standardisée des capacités de décision de chacun. Les règles de bonne pratique indiquent que l’on doit toujours, quel que soit l’état des facultés mentales de la personne, expliquer la situation de façon claire, adaptée et intelligible, s’assurer de sa compréhension, exposer les différentes solutions possibles ou envisagées, laisser la possibilité de choix, interroger la personne et recueillir son avis pour toute décision la concernant. Ceci est souvent négligé pour les personnes souffrant de maladies neuro-dégénératives, pour les personnes handicapées sur le plan des facultés mentales, psychiques ou intellectuelles, ou pour les personnes âgées jugées trop souvent inaptes à donner leur avis par leurs proches. Une prise de conscience s’impose donc afin de respecter les droits de chacun, ainsi qu’un véritable travail de résistance pour lutter contre la facilité qui consiste à ignorer les possibilités des personnes diminuées sur le plan cognitif, quant à recevoir et comprendre une information adaptée et à donner un consentement ou tout au moins un assentiment. Nous évoquons souvent la perte d’autonomie des personnes âgées; certes, l’autonomie consiste en la capacité à décider et faire des choix pour soi-même. Mais il est bien difficile d’évaluer cette capacité pour des personnes âgées et devenues dépendantes ; on confond d’ailleurs souvent autonomie et indépendance ou plutôt perte d’autonomie et dépendance, les deux termes étant fréquemment employés de façon imprécise ou aléatoire, alors qu’ils ne signifient pas la même chose ! Attention une personne âgée très dépendante sur le plan physique ou fonctionnel peut avoir gardé tout ou partie de son autonomie. Il semble en outre qu’il puisse y avoir des degrés dans l’autonomie et la notion d’aide à la prise de décision prend ici tout son sens l’autonomie n’est perdue » par exemple dans le cas des malades d’Alzheimer, que dans les phases très avancées de l’affection, lorsque les troubles de la communication entravent réellement la compréhension de la situation et l’expression de la volonté de la personne ou la possibilité de poser clairement des choix. Mais ne voit-on pas, trop souvent encore, des décisions prises par le médecin ou bien par tel ou tel membre de la famille, sans même que l’on ait pensé à interroger la personne concernée sur ce qu’elle souhaite pour elle-même ? Bien entendu, recueillir l’avis de la personne ne signifie pas que l’on soit obligé de le suivre s’il est manifestement inadapté au regard de la situation… mais cela devrait nous obliger à évaluer en pluridisciplinarité la situation et à adopter une posture de réflexion collégiale, même dans les cas où la personne n’est pas stricto sensu hors d’état d’exprimer sa volonté » comme cela est mentionné dans la loi. On sait que les différentes lois concernant les droits des malades, depuis 1999, vont toutes dans le même sens et placent le principe d’autonomie avant le principe de bienfaisance, alors que celui-ci a longtemps primé dans les relations médecin/malade. Mais ce virage n’a pas encore été pris par tous dans le corps médical… Les lois de 2005 et de 2016 relatives à la fin de vie indiquent l’importance de la réflexion collégiale dans les situations de fin de vie ; on peut penser que cette pratique, qui nous a montré tout son intérêt, devrait être étendue à toute prise de décision difficile, même en dehors des situations de fin de vie. Il en va tout simplement du respect des personnes fragilisées qui sont confiées aux professionnels que nous sommes.
Bienvenueà la Résidence Vieille Église. Riche en histoire, le village d'Ablain-Saint-Nazaire qui abrite la Résidence Vieille Église se trouve dans un écrin de verdure où les bois, les champs, les pâtures en font un endroit privilégié, calme et reposant. Decouvrez notre résidence en cliquant sur le lien : Visitez notre résidence. Établie dans le cadre des concertations engagées par la Ministre Agnès BUZYN sur les enjeux de l’accompagnement des personnes âgées, la contribution de la FNAQPA fait état des propositions de la Fédération sur la nécessaire recomposition de l’offre d’hébergement et la refondation du modèle des maisons de retraite. Déficit d’image, augmentation des besoins médicotechniques de la population hébergée, contexte économique tendu, normalisation croissante, injonctions contradictoires, difficultés de recrutement tels sont les défis qu’affrontent actuellement les maisons de retraite. Détaillée dans sa contribution, la FNAQPA appelle à une réorganisation de l’offre des établissements, primordiale pour l’avenir de l’accompagnement des personnes âgées, cette évolution ne pouvant se faire sans se poser la question, au préalable, de la mission que l’on entend confier aux maisons de retraite de demain. La présente contribution s’inscrit dans la suite du tour de table organisé le 23 mars 2018 par Madame Agnès BUZYN, la Ministre des Solidarités et de la Santé, et reprend et approfondit les idées et les propositions présentées ce jour-là par la FNAQPA. Lire aussi Réforme des EHPAD pour la FEHAP, l’équilibre est également à trouver par des critères objectifs Déficit d’image, augmentation des besoins médicotechniques de la population hébergée, contexte économique tendu, normalisation croissante, injonctions contradictoires, difficultés de recrutement tels sont les défis qu’affrontent actuellement les maisons de retraite. L’avenir de l’accompagnement des personnes âgées passe nécessairement, pour la FNAQPA, par une recomposition de l’offre d’hébergement et une refondation du modèle des maisons de retraite. En préambule, la FNAQPA appelle de ses vœux que le H » de EHPAD ne devienne pas celui d’ hospitalier » comme on peut l’entendre souvent, mais devienne au contraire celui d’ habitat » un habitat inclusif dans lequel des personnes âgées fragilisées puissent développer un nouveau projet de vie dans un cadre ouvert sur l’extérieur, axé sur la vie sociale, respectueux de leurs droits et libertés et assurant la préservation de leurs capacités restantes. Les établissements sont à la croisée des chemins entre le sanitaire et le social. Depuis 20 ans, les politiques publiques envers le grand âge se sont surtout construites autour des politiques de santé. Aujourd’hui encore, les débats sont focalisés autour des questions sanitaires moyens de médicalisation supplémentaires, augmentation du ratio de personnel soignant, parcours de soins, gestion du risque. Et l’on s’éloigne de plus en plus des attentes des personnes âgées elles-mêmes et des missions des établissements telles qu’elles sont définies dans le Code de l’action sociale et des familles. Monsieur Bernard BONNE, dans son rapport rendu le 7 mars 2018, fait ainsi le constat d’une approche excessivement médicalisée de l’EHPAD ». Il dénonce une dérive sanitaire d’établissements qui sont initialement censés camper un lieu de vie » et non un lieu de soins » et s’interroge sur la surmédicalisation » de certains établissements qui ne remplissent plus leur mission d’accompagnement de la dépendance, à laquelle s’est substituée une simple mission de veille sanitaire. Quelles missions entend-on confier aux établissements de demain ? Il convient en effet de poser la question de la mission que l’on entend confier aux maisons de retraite de demain avant d’envisager leur évolution. Jusqu’à présent, nos établissements n’ont pas une mission de santé publique, même s’ils y concourent. Le volet médical de l’accompagnement des personnes âgées vulnérables a pourtant tendance à prendre le pas sur le volet social. Et cette tendance ne fait que s’accentuer sous l’impulsion des politiques d’admission développées ces dernières années par les pouvoirs publics qui visent à orienter les maisons de retraite vers l’accueil de la grande dépendance. Cette dérive sanitaire » que nous constatons à l’instar de Bernard BONNE nous interroge sur les missions. Est-ce que l’accompagnement des six derniers mois des personnes en situation de grande fragilité doit devenir la seule mission de ces établissements ? Auquel cas, il faut en tirer les conséquences et les transformer en établissement sanitaire. La FNAQPA est néanmoins dubitative. Nous demeurons convaincus que ce n’est pas la mission de ces établissements dont le volet social reste essentiel. De manière plus générale, il est douteux que cela puisse concerner plus de 600 000 places sur le territoire. Ou bien souhaite-t-on conserver les missions actuelles de ces établissements rupture de l’isolement, prévention et préservation des capacités restantes ? Cela supposera alors de redonner toute son ampleur à la dimension sociale de l’accompagnement actuellement éclipsée au profit du volet médical. Le soin n’est pas absent des préoccupations des personnes âgées, mais il doit être au service de leur projet de vie et non une fin en soi. Les personnes veulent être soignées pour vivre et non vivre pour être soignées. Quels sont les grands enjeux de l’accompagnement des personnes âgées ? Le choix du modèle de la maison de retraite de demain doit se faire au regard des grands enjeux de l’accompagnement des personnes âgées. Le lien social il s’agit de l’attente première des personnes âgées. La personne âgée est en demande de plus de sorties personnelles et organisées, de plus de relations sociales, et de plus de temps dédié par les aidants professionnels à la relation sociale. Cela implique notamment d’augmenter le nombre de personnels et d’adapter l’environnement extérieur à l’établissement, à savoir notamment les transports, l’urbanisme et l’accessibilité. Le respect de la citoyenneté et de la liberté c’est là aussi une autre attente importante des personnes âgées accompagnées qui se plaignent en effet des atteintes à leur autonomie citoyenne. La personne âgée accompagnée est un citoyen comme les autres. Ainsi que le rappelle le Code de l’action sociale et des familles, elle jouit des mêmes droits et libertés que tout un chacun. Le problème vient de l’accessibilité si elle possède les droits, elle n’est pas toujours en mesure de les exercer du fait de sa situation de faiblesse. Or le propre d’une société inclusive est de permettre à tous, y compris à ses membres les plus vulnérables, d’exercer leurs droits et libertés. Les actions d’assistance, de soutien, dans les divers actes de la vie font d’ailleurs partie intégrante de la mission des établissements médico-sociaux. Mais cela suppose, là aussi, un personnel en nombre suffisant et dont la disponibilité ne soit pas en grande partie absorbée par de la gestion du risque. La normalisation croissante l’accroissement normatif et la réglementation pléthorique et byzantine en découlant coûtent non seulement cher, mais surtout en vient à constituer un obstacle à la réponse aux attentes des personnes âgées. Ainsi que le pointe fort justement Pierre RICORDEAU dans son récent rapport, les exigences de normalisation croissantes mettent en tension la maison de retraite comme lieu de vie et les logiques de sécurité propres à un établissement relevant du champ sanitaire. Cette tension est source d’injonctions contradictoires pour les professionnels. Surtout, elle s’oppose au bien-être et à la citoyenneté des personnes résidant en établissement, empêchant qu’elles s’y sentent véritablement chez elles. Lorsque l’on interroge, par exemple, un directeur sur les attentes des personnes âgées en matière d’alimentation, la réponse est qu’elles veulent des œufs à la coque, un steak saignant… choses que les normes rendent compliquées, voire impossibles puisque la viande doit être cuite à cœur à une température empêchant qu’elle puisse être servie saignante. Aucun restaurant n’est soumis à de telles restrictions. Or les établissements sont les premiers restaurants de France avec plus de deux millions de repas servis par jour. L’attractivité il s’agit d’un enjeu majeur pour les maisons de retraite. Leur image n’a jamais été aussi mauvaise. De ce fait, le nombre de personnes âgées qui envisageraient de venir y vivre volontiers se réduit d’année en année. Il devient désormais, en outre, de plus en plus difficile de recruter des professionnels, alors que le nombre de postes à pourvoir se comptent en centaines de milliers. Cela ne doit cependant pas occulter le fait qu’il existe un décalage considérable entre l’opinion publique et l’avis des personnes âgées hébergées, puisque 86 % d’entre elles se disent satisfaites. La prévention pièce maîtresse de la stratégie nationale de santé et faisant maintenant l’objet d’un plan spécifique pour les établissements, la prévention est un enjeu fondamental de l’accompagnement des personnes âgées. La FNAQPA est favorable à la valorisation de la qualité et de la prévention dans les établissements. Le système de tarification actuel engendre plutôt une prime à la dépendance et pénalise les établissements faisant de la prévention. La prévention est la mission première des établissements sociaux et médico-sociaux. On a perdu de vue les GIR 4 qui représentent le vrai défi de l’accompagnement, celui d’éviter que des personnes âgées voient leur dépendance s’accroitre. D’une certaine manière, il est plus simple d’accompagner au quotidien les personnes en GIR 1 et 2 souvent grabataires, elles demandent un accompagnement moins complexe et qui est mieux financé. Le vrai travail de prévention est de faire en sorte que les personnes en GIR 3-4 ne deviennent pas des GIR 1-2. L’accompagnement des personnes atteintes de maladies neurodégénératives et apparentées les troubles cognitifs sont la première cause d’entrée en établissement. Or la dimension sociale de l’accompagnement de ces personnes, notamment au stade léger et modéré, est fondamentale pour leur qualité de vie au quotidien. C’est l’un des enjeux des missions assignées aux établissements. Ce que propose la FNAQPA Au regard de ces enjeux, la FNAQPA propose de réorganiser l’offre des établissements, en prévoyant Des établissements qui seraient entre l’EHPAD actuel et l’USLD, avec une médicalisation plus poussée, véritablement équipés pour un accompagnement médicotechnique de la fin de vie. Des établissements se situant entre la résidence autonomie et l’EHPAD qui seraient des résidences seniors médico-sociales et qui apporteraient des réponses plus sociales, tournés vers la prévention et la préservation des capacités restantes. Ces résidences seraient notamment à même d’accueillir de manière temporaire ou permanente les personnes atteintes de troubles cognitifs qui requièrent un accompagnement avant tout social. Cette recomposition et cette diversification de l’offre est d’autant plus pertinente que Elle répond aux enjeux de l’accompagnement des personnes âgées identifiés plus haut à l’heure actuelle le modèle d’hébergement qui est plébiscité par le grand public est celui des résidences services. Près d’une personne sur deux envisagerait d’y aller une fois à la retraite et 83% en ont une bonne opinion. Cette faveur s’explique précisément par le fait que les résidences services échappent aux contraintes institutionnelles et qu’elles répondent parfaitement aux attentes des personnes âgées, assurant à la fois la sécurité, la liberté et lien social. Nos établissements doivent s’inspirer des résidences services s’ils veulent redevenir attractifs et répondre aux attentes du public. Cela démontre en outre à quel point la normalisation et la standardisation desservent les maisons de retraite. Les personnes en GIR 1-2 représentent 55% de la population hébergée, l’autre partie étant composée de GIR 3-4 37% et de GIR 5-6 8%. Autrement dit, seule la moitié de la population hébergée requiert des soins médicotechniques lourds, l’autre ayant surtout besoin d’un accompagnement social favorisant la préservation de son autonomie. On constate le manque d’un échelon intermédiaire entre l’EHPAD dont le modèle institutionnel, sécuritaire, standardisé est dépassé et ne répond pas aux attentes des personnes, et le domicile. Différents habitats se développent les résidences autonomies, qui ont été rénovées par la loi d’adaptation de la société au vieillissement mais souffrent d’un modèle économique obsolète, d’une concurrence avec les résidences services et parfois d’une vétusté du bâti, les résidences services et d’autres habitats intermédiaires. Or, il existe 7000 EHPAD en France, contre un peu plus de 2000 résidences autonomie et quelques centaines de résidences services 540 en 2017. Il serait regrettable de ne pas s’appuyer sur l’existant en l’adaptant. Il serait important de laisser aux établissements le choix de la façon de s’adapter face à cette recomposition. Le Code de l’action sociale et des familles parle de territoire et d’évaluation et invite les établissements à se positionner sur un territoire donné. Ces derniers ont une marge de liberté dans les orientations qu’ils souhaitent donner à leur projet. Un projet d’établissement est d’abord spécifique à ses valeurs. Il est également spécifique à un territoire et à la manière dont l’établissement entend se positionner dessus. Il faut laisser aux établissements la liberté de s’adapter aux besoins d’un territoire donné. Certains vont faire le choix de la médicalisation pour accueillir une population ayant des besoins médicotechniques importants. D’autres vont privilégier un projet plus social pouvant notamment s’adresser aux personnes atteintes de troubles cognitifs. C’est une erreur fondamentale d’enfermer les maisons de retraite dans l’accueil de la grande dépendance et le soin, et de mettre ainsi les personnes qui y résident à part. Vers une transformation inclusive des établissements Il faut amorcer une transformation inclusive des établissements. Cela suppose Un changement de paradigme le changement de paradigme est d’abord la réponse aux attentes individuelles des personnes et un accompagnement individuel. Ce nouveau paradigme, dans lequel l’individualisation prime, doit nous amener vers des établissements véritablement inclusifs. Cette transformation inclusive nécessite des changements très importants en termes de culture, de fonctionnement et de pratiques. Les établissements doivent sortir de la logique institutionnelle pour que leur organisation s’adapte aux individus, alors que c’est aujourd’hui l’inverse. Ce n’est qu’à cette condition que les réponses apportées respecteront véritablement la citoyenneté des personnes accompagnées. La FNAQPA se félicite, à cet égard, du choix de la société inclusive », et de ses déterminants, comme thème du chapitre prospectif du rapport de la CNSA de cette année. La coconstruction avec les personnes qui vivent et qui travaillent dans l’établissement. En 2013, la CNSA a consacré le chapitre prospectif de son rapport à la participation des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. La participation dans sa forme la plus poussée est l’une des conditions d’une société inclusive il faut aller au-delà de la simple consultation des personnes ; tout d’abord en donnant des suites aux avis exprimés par les personnes et leurs représentants, ensuite, en mettant en place une véritable coconstruction qui ne se limite pas à une simple consultation ». Redonner toute sa dimension sociale à l’accompagnement l’accompagnement du vieillissement est médico-social, mais le social doit être plus important que le médical, le soin étant au service du projet social. Cela passe par une diversification des profils intervenant en maison de retraite. On manque de psychologues, d’animateurs, d’aides médico-psychologiques, d’accompagnants éducatif et social, d’ergothérapeutes et surtout de travailleurs sociaux. La France est quasiment le seul pays où, en dehors du directeur, la première personne que rencontre une personne âgée entrant en établissement est un médecin. Dans les autres pays, on rencontre généralement en premier un travailleur social. C’est une dimension qui manque dans la réponse aux attentes des personnes âgées. Toujours dans cette optique, il serait dommage de revenir sur le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social mis en place en 2016. Il faut au contraire persévérer dans cette voie. D’autant que les personnels des établissements se disent plutôt satisfaits de cette formation. L’abandon du nom EHPAD la question du nom n’est pas anodine. Cet acronyme et les termes qu’il recouvre ont un caractère stigmatisant pour les personnes concernées, sans parler du manque d’attractivité. La FNAQPA avait pris l’initiative d’organiser un concours invitant les établissements participants à proposer de nouveaux noms et c’est l’appellation maison des âges » qui a été primée à cette occasion. Elle a par ailleurs porté la proposition d’abandonner cette appellation à l’occasion des concertations sur la loi d’adaptation de la société au vieillissement qui n’a malheureusement pas été retenue en définitive. Une refondation du modèle des maisons de retraite serait justement l’occasion de revenir sur leur appellation. Une évolution des établissements orientée exclusivement vers un modèle sanitaire, aboutissant à une standardisation, au détriment du volet social de l’accompagnement, serait dommageable. Il est fondamental de conserver et dynamiser leurs missions de rupture de l’isolement, de prévention et de préservation de l’autonomie. Seule la transformation inclusive, reposant sur un changement de paradigme, et la diversification de l’offre permettra de répondre aux enjeux stratégiques majeurs des établissements conserver la dimension sociale de l’accompagnement, assurer le respect de la citoyenneté des personnes accompagnées et, par-dessus tout, redonner de l’attractivité. Il en va de la survie des établissements. Lire aussi Réforme de la tarification des EHPAD le gouvernement parvient à un consensus EHPAD- La Maison. Charte des droits et libertés de la personne accueillie. Présentation. Historique. Hébergement. Votre quotidien. Le personnel. Charte de la personne âgée dépendante. Admission. Contact . Même dépendantes, les personnes âgées doivent continuer à exercer leurs droits et leurs libertés de citoyens. Cette charte a pour objectif EHPAD Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes La maison de retraite du centre hospitalier de l’hôpital Robert BISSON existe depuis les années 1950. Elle a été transformée en EHPAD par les décrets de 1999. Sur le site de l’hôpital, l’EHPAD comprend 2 unités le pavillon Jean Devaux et la maison de cure. A l’Ehpad toutes les chambres bénéficient d’une salle d’eau et d’un lit électrique. 81 résidents, dont deux en hébergement temporaire peuvent être accueillis au pavillon Devaux dans des chambres individuelles. Ce pavillon dispose d’une grande salle de restaurant, ainsi que de l’espace animation. Ce pavillon accueille aussi l’administration du secteur médico-social. 120 résidents sont accueillis à la maison de cure qui comprend 9 maisonnées de 10 ou 15 places. Les chambres entourent un espace de vie permettant de partager les repas et un espace salon TV. Ce pavillon dispose d’une grande salle polyvalente où se déroulent les spectacles et les repas festifs. 16 résidents sont accueillis dans une unité d’hébergement renforcée. Les résidents peuvent profiter de l’ombrage et des massifs floraux du parc de l’EHPAD et du jardin. Capacité d’accueil Personnes accueillies En EHPAD, structure médico-sociale personnes âgées en perte d’autonomie, qui ne veulent ou ne peuvent rester à domicile 217 lits d’EHPAD 120 lits en maison de cure 81 lits dont 2 lits d’hébergement temporaire au pavillon Jean Devaux 16 lits en Unité d’hébergement renforcé UHR Partenaires Le Conseil Départemental du Calvados L’Agence Régionale de Santé La ville de Lisieux Contacts EHPAD ou USLD du Centre Hospitalier Robert Bisson 4 Rue Roger Aini 14100 LISIEUX Standard 02 31 61 31 31 Bureau des entrées 02 31 61 33 25 Gestion des tutelles 02 31 61 30 83 Cadre de santé Maison de cure 02 31 61 34 50 Cadre de santé Pavillon Colombe 02 31 61 33 31 Documents Droits des usagers dans les établissements et services sociaux et médicosociaux Règlement départemental d’aide sociale en faveur des personnes âgées Charte des droits et libertés de la personne âgée en situation de handicap ou de dépendance Informations Familles Loi du 02 Janvier 2002 et principales chartes concernant la personne âgée accueillie - Démarche qualité en EHPAD : Principaux référentiels et notion de projets institutionnels - Le rôle de la gouvernante, la définition des missions.II. Mieux comprendre le résident en EHPAD, et tenir compte de sa famille. - Définir le vieillissement physiologique et le
Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur Résumés A partir d’une enquête réalisée auprès de personnes âgées dépendantes vivant en Éhpad, cet article montre que l’autonomie est une norme prescrite mais elle est peu stabilisée dans les textes. Elle est aussi utilisée comme un outil de communication afin de mettre à distance les représentations sociales négatives associées à ces établissements. Dans un contexte de pénurie de personnel et de rationalisation des soins, l’autonomie apparaît plutôt comme un mirage. C’est plutôt la dépendance totale et entière des personnes âgées à l’égard des soignants qui est la norme. Enfin, nous montrerons que l’expérience de la norme de dépendance est vécue différemment selon les personnes âgées. This article is based on a survey conducted among residents of public nursing homes in France. It shows that this residents' autonomy is a fundamental concept in french old age policies. However the concept is poorly defined and is primarily used as a communication tool by nursing homes to hide the negative social perception associated with them. In a context of lack of staff and rationalization of care, resident's autonomy seems a mirage. The reality in French public nursing homes is rather reflected by resident's total dependency on nurses. Finally, we show that the dependency of nursing home residents is lived differently from one resident to de page Texte intégral 1 Marianne Muller et Delphine Roy, L’Éhpad, dernier lieu de vie pour un quart des personnes décédée ... 2 Sabrina Volant, L’offre en établissement d’hébergement pour personnes âgées en 2011 ». Études et ... 3 Alain Villez, Éhpad la crise des modèles », Gérontologie et Société, 123, 169-184, 2007. 4 Isabelle Mallon, Vivre en maison de retraite. Le dernier chez soi, Rennes, PUR, 2004. 5 Olivier Saint-Jean et Dominique Somme, 2003, Taux d’encadrement et médicalisation des établisse ... 1Depuis le début des années 2000, les maisons de retraite ont été remplacées par des Établissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes Éhpad. Ces structures médicalisées ont une double vocation. Elles accueillent des personnes dépendantes » voire très dépendantes » et les accompagnent dans tous les actes de la vie quotidienne toilette, prise de médicament, repas etc.. Fin 2015, près de 585 500 personnes âgées vivent dans 7400 Éhpad et 97% d’entre elles sont accueillies en hébergement permanent1. Dans ces établissements, près de 89 % des résidents sont évalués comme dépendants » à partir du GIR 4 et 55 % d’entre eux sont très dépendants » GIR 1 à 22. Les Éhpad sont définis par une hybridation3 être à la fois un lieu de vie de la vieil­lesse le dernier chez soi »4 tout en étant un lieu de médicalisation des existences se rapprochant des services hospitaliers de type unité de soins de longue durée, les Unités de Soins de Longue Durée Usld5. 6 Serge Paugam, La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, coll. Le l ... 7 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie e ... 8 Hélène Thomas, Les vulnérables. La démocratie contre les pauvres, Paris, Editions du Croquant, coll ... 9 L’Allocation Personnalisée à l’Autonomie APA. 2En reprenant les concepts issus du champ de la sociologie de la pauvreté, les personnes âgées accompagnées en Éhpad peuvent être étudiées comme une population marquée par le concept de disqualification sociale qui renvoie au processus de désignation et d’étiquetage ainsi qu’à ses effets sur le plan identitaire6. En effet, c’est en établissant un seuil d’âge 60 ans et un seuil de dépendance GIR 1 à 4, que la société reconnaît les personnes comme dépendantes et les relègue au rang de personnes non autonomes7 » ou de sous citoyens8 » tout en leur apportant une forme d’assistance par le biais du versement d’une allocation9. La dépendance jette donc un discrédit sur cette population reconnue comme telle et cela marque profondément l’identité des personnes. 3Dans cet article nous souhaitons saisir l’expérience sociale de la dépendance dans notre société selon un double objectif celui d’étudier à la fois les cadres normatifs organisant par le haut » les existences des personnes âgées désignées comme dépendantes » et les conséquences de cet étiquetage sur le plan identitaire. En d’autres termes, quelles sont les injonctions normatives dans les politiques de la vieillesse et en particulier celles destinées aux personnes âgées dépendantes ? Comment ces injonctions sont-elles mises à l’épreuve dans les Éhpad par les professionnels et les personnes âgées ? 10 Cet article s’appuie sur une enquête réalisée dans le cadre d’un travail doctoral soutenu à l’Ecole ... 11 L’enquête a été menée au sein de deux établissements gérés par des groupes privés, deux appartenant ... 4Pour réaliser ce travail10, j’ai mené une enquête qualitative combinant des observations participantes à découvert d’un à cinq mois comme stagiaire dans le service des animations au sein de cinq Éhpad11 et cinquante entretiens semi-directifs avec les personnes âgées dépendantes vivant dans ces établissements. J’ai également réalisé des entretiens avec les directeurs de ces structures. 5Nous ferons d’abord un état des lieux des normes structurant les expériences de vie des personnes âgées dépendantes. Nous verrons que l’autonomie est une véritable injonction en Éhpad et qu’elle constitue également un outil de communication pour valoriser les pratiques professionnelles I. Puis, nous montrerons la manière dont cette injonction se révèle être un mirage. En effet, les difficultés rencontrées par les professionnels et le manque de moyens humains ne permettent pas de valoriser l’autonomie individuelle. L’injonction normative est plutôt celle d’une mise en dépendance totale et entière aux professionnels et les comportements faisant part d’une autonomie peuvent être stigmatisés par le personnel. La manière dont les personnes âgées vivent l’expérience de la dépendance dans toutes les dimensions de leur existence, et en particulier, dans les liens qu’elles entretiennent avec les soignants, mérite une attention particulière II. I – L’injonction à l’autonomie en Éhpad 12 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Paris, Delagrave, 1994. 13 Alain Ehrenberg, La société du malaise. Le mental et le social, Paris, Odile Jacob, coll. Science ... 14 Nicolas Duvoux, L’autonomie des assistés. Sociologie des politiques d’insertion. Paris, PUF, coll. ... 15 Ibid, 1999. 16 Ibid, 2009. 17 Bernard Ennuyer, Les malentendus de la dépendance. De l’incapacité au lien social, Paris, Dunod, co ... 6L’autonomie entendue comme gouvernement de soi »12 est la valeur suprême des sociétés néolibérales13. Elle apparaît être une notion relativement paradoxale pour des individus vulnérables. Pourtant, cette norme est largement diffusée dans les politiques sociales, en particulier, à l’égard des personnes fragilisées sur le marché du travail14. Ces dernières sont considérées comme les maîtres d’œuvre de leur propre existence »15 et l’autonomie est une norme institutionnelle à partir de laquelle elles sont évaluées16. L’autonomie repose donc sur la capacité de déterminer par soi-même les règles de sa conduite en connaissance de cause17 ; elle insiste sur la capacité des individus à être responsables de leur parcours de vie et à être actifs dans leur existence. Ainsi, on peut se demander dans quelle mesure cette injonction est utile pour comprendre la situation des personnes âgées. 7Nous reviendrons sur le glissement sémantique pour désigner les personnes âgées ainsi que ses effets A. Puis, nous montrerons que la notion d’autonomie bénéficie d’une large diffusion dans les politiques de la vieillesse tout en étant floue et peu stabilisée dans les textes législatifs B. Enfin, l’autonomie sera analysée comme un outil de communication pour les Éhpad permettant de rassurer les familles et d’attirer de la clientèle C. A – De la dépendance » à la perte d’autonomie » 18 Ibid, 2004. 19 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie e ... 20 Loi n° 97-60 du 24 janvier 1997. 21 Autonomie Gérontologique Groupe Iso Ressources. 8Le terme de dépendance » est une notion issue du monde médical qui s’est imposée dans le champ de la vieillesse dans les années 1980 pour quali­fier les personnes âgées de plus de 60 ans qui, en raison d’incapacités, ont besoin d’être aidées dans les actes de la vie courante18. Cette définition de la dépendance connote ces personnes négativement car elle repose sur un critère bio-médical qui réduit la personne à son incapacité à faire, au détriment de la connotation positive de solidarité et de relation nécessaire aux autres19. À la fin des années 1990, la loi instaurant la Prestation Spécifique Dépendance PSD a officiellement institué la dépendance comme étant l’état de la personne qui, malgré les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie, ou requiert une surveillance régulière »20. La loi officialise également des seuils de dépendance » évalués objectivement par un algorithme en instaurant un outil de mesure des incapacités la grille nationale AGGIR21. 22 Loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des person ... 9En 2001, la loi du 20 janvier crée l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie APA en remplacement de la PSD. Cette allocation est une compensation partielle des frais occasionnés par les difficultés de la vie quotidienne. Le changement sémantique de la PSD à l’APA a pour objectif de donner une dénomination plus positive aux personnes âgées souffrant d’incapacités. La loi ne parle plus de dépendance mais de perte d’autonomie » Toute personne âgée résidant en France qui se trouve dans l’incapacité d’assumer les conséquences du manque ou de la perte d’autonomie liées à son état physique ou mental, a droit à une allocation personnalisée d’autonomie permettant une prise en charge adaptée à ses besoins. Cette allocation, définie dans des conditions identiques sur l’ensemble du territoire national, est destinée aux personnes qui, nonobstant les soins qu’elles sont susceptibles de recevoir, ont besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou dont l’état nécessite une surveillance régulière »22. 23 Ibid, 2013. 24 Ibid, 2013 10Ainsi, le terme de perte d’autonomie » est devenu le qualificatif politiquement correct pour désigner les personnes âgées ayant besoin d’être aidées dans leur vie quotidienne. Il met l’accent sur le respect des droits individuels. Cependant, la loi, qui ne définit pas l’autonomie, repose à nouveau sur une approche déficitaire et incapacitaire23. Le terme perte d’autonomie » accentue la confusion entre l’autonomie fonctionnelle », c’est-à-dire la capacité à effectuer par soi-même un certain nombre d’actes de la vie quotidienne et l’autonomie décisionnelle », c’est-à-dire la capacité à déterminer par soi-même les règles de sa conduite en connaissance de cause24. Pourtant, une personne âgée en perte d’autonomie fonctionnelle peut toujours faire preuve d’une autonomie décisionnelle. Ce glissement sémantique est concomitant avec l’émergence de la notion d’autonomie dans les politiques de la vieillesse. B – L’autonomie dans les politiques de la vieillesse 25 Extrait de la Charte des droits et libertés des personnes âgées en situation de handicap ou de dépe ... 11On l’a vu, l’autonomie bénéficie d’une large diffusion dans les politiques sociales. Elle est également visée par les politiques de la vieillesse et en particulier celles destinées aux personnes âgées dépendantes. Par exemple, la Charte des droits et libertés des personnes âgées en situation de handicap ou de dépendance élaborée en 1989 par la commission Droits et Libertés » de la Fondation Nationale de Gérontologie FNG, soutenue dès l’origine par la Ministère en charge des politiques de la vieillesse, puis modifiée en 2007 pour tenir compte de l’évolution de la réflexion gérontologique sur une décennie, réaffirme la citoyenneté et l’inscription dans la société de ces personnes âgées en tant que sujets de droit. L’extrait du préambule de la Charte est révélateur de la manière dont les personnes âgées dépendantes sont définies dans les discours publics. Elle réaffirme des principes reconnus dans la Déclaration de 1789 dont le droit à la citoyenneté et une autonomie pour ces personnes et en particulier leur autonomie décisionnelle. Cependant, l’injonction à l’autonomie apparaît peu stabilisée dans les textes législatifs. Dans certaines dispositions, elle fait écho à l’autonomie décisionnelle tandis que dans d’autres, elle fait davantage référence à une autonomie fonctionnelle brouillant les définitions de cette injonction. Par exemple on peut lire dans cette même charte, l’article 8 spécifiquement dédié à la Préservation de l’autonomie » La prévention des handicaps et de la dépendance est une nécessité pour la personne qui vieillit. La vieillesse est un état physiologique qui n’appelle pas en soi de médicalisation. Le handicap physique ou psychique résulte d’états pathologiques, dont certains peuvent être prévenus ou traités. Une démarche médicale préventive se justifie, chaque fois que son efficacité est démontrée. En particulier, la personne exposée à un risque, soit du fait d’un accident, soit du fait d’une maladie chronique, doit bénéficier des actions et des moyens permettant de prévenir ou de retarder l’évolution des symptômes déficitaires et de leurs complications …. Handicaps et dépendance peuvent mettre la personne sous l’emprise d’autrui. La prise de conscience de cette emprise par les professionnels et les proches est la meilleure protection contre le risque de maltraitance »25. 26 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie e ... 27 Loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement. 28 Ibid, 2013. 12Cet article insiste particulièrement sur une définition incapacitaire et médicale de l’autonomie et des capacités fonctionnelles des personnes âgées, au détriment de leurs capacités décisionnelles26. Plus récemment, la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement27 se réfère à plusieurs reprises à cette conception médicale de l’autonomie et insiste sur ce que les personnes âgées ne savent plus faire sur le plan fonctionnel. Ainsi, l’autonomie est abordée exclusivement du point de vue d’une réduction » et d’une perte » et selon une perspective médicale de prévention. Cela peut conduire à une forme de stigmatisation de ces individus la perte d’autonomie fonctionnelle occulte les ressources et les capacités des personnes âgées souffrant d’incapacités fonctionnelles à déterminer par elles-mêmes leurs règles de conduite en connaissance de cause c’est-à-dire leur autonomie décisionnelle28. Pour les établissements, cette définition floue de l’autonomie est également utilisée pour communiquer sur leurs pratiques d’accompagnement. C – L’accompagnement à l’autonomie en Éhpad un outil de communication 29 Loi n° 2002-2. 30 Nicole Benoit-Lapierre, Rithée Cevasco et Markos Zafiropoulos, Vieillesse des pauvres. Les chemins ... 31 Section 1 Des fondements de l’action sociale et médico-sociale, article 2 de la loi n° 2002-2 rén ... 13Les institutions comme les Éhpad sont régis par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale29, laquelle a profondément modifié les pratiques professionnelles en mettant explicitement en avant la norme d’autonomie au sein des établissements afin de protéger les personnes âgées dépendantes de leur vulnérabilité. Autrement dit, tout est mis en œuvre dans les textes législatifs pour tenir à distance le plus possible la figure repoussoir du vieillard passif et en relation d’assujettissement avec les soignants30. L’extrait ci-dessous illustre les principes fondateurs des établissements médico-sociaux L’action sociale et médico-sociale tend à promouvoir, dans un cadre interministériel, l’autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale, l’exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et en corriger les effets … »31. 32 Section 2 Des droits des usagers du secteur social et médico-social, article 7 de la loi n°2002-2 ... 14L’autonomie renvoie à la citoyenneté et la protection des personnes âgées. Elle est la norme encadrant les expériences de vie des personnes âgées vivant en établissement. L’article 7 de la loi, insiste sur l’affirmation des droits, des libertés individuelles et la dignité des personnes âgées L’exercice des droits et libertés individuels est garanti à toute personne prise en charge par des établissements médico-sociaux. Dans le respect des dispositions législatives et réglementaires en vigueur, lui sont assurés Le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité et de sa sécurité. Une prise en charge et un accompagnement individualisé de qualité favorisant son développement, son autonomie et son insertion, adaptés à son âge et à ses besoins, respectant son consentement éclairé qui doit être systématiquement recherché lorsque la personne est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. A défaut, le consentement de son représentant légal doit être recherché »32. 33 Le livret d’accueil, la charte des droits et libertés de la personne accueillie, le contrat de séjo ... 34 Article 8 de la Charte des droits et libertés de la personne accueillie. 15Dans cet extrait, la médicalisation des existences n’apparaît pas incompatible avec la promotion de l’autonomie individuelle, des libertés et de la citoyenneté des résidents. La loi de 2002 les protège en réaffirmant le respect de sa dignité, de son intégrité, de sa vie privée, de son intimité, de sa sécurité » ; elle insiste également sur le respect du consentement éclairé qui doit être systématiquement recherché ». L’accueil des personnes âgées dépendantes voire très dépendantes ne doit donc pas remettre en question leur autonomie comprise dans sa dimension décisionnelle ». Afin de garantir l’exercice des droits et de l’autonomie des personnes âgées dépendantes, la loi a mis en place sept outils encadrant les pratiques professionnelles et les existences33. Par exemple, la Charte de droits et des libertés de la personne accueillie se compose de douze articles dont l’un est intitulé droit à l’autonomie » Dans les limites définies dans le cadre de la réalisation de sa prise en charge ou de son accompagnement et sous réserve des décisions de justice, des obligations contractuelles ou liées à la prestation dont elle bénéficie et des mesures de tutelle ou de curatelle renforcée, il est garanti à la personne la possibilité de circuler librement. À cet égard, les relations avec la société, les visites dans l’institution, à l’extérieur de celle-ci sont favorisées. Dans les mêmes limites et sous les mêmes réserves, la personne résidente peut, pendant la durée de son séjour, conserver ses biens, effets et objets personnels et lorsqu’elle est majeure, disposer de son patrimoine et de ses revenus »34. 16Le droit à l’autonomie fait référence à la libre circulation, le maintien du lien social et à la détention des biens matériels et financiers pour les personnes âgées. Il est précisé également que le contenu de ce droit peut varier suivant le degré de dépendance des résidents selon les limites définies dans le cadre de la réalisation de sa prise en charge ou de son accompagnement » et des mesures de protection juridique. 17L’analyse des textes législatifs montre que l’autonomie est la norme fondamentale pour encadrer les pratiques professionnelles et les expériences de vie. Toutefois, l’autonomie bien plus qu’une injonction normative dans les établissements, peut également être un outil de communication. En effet, les gérants des Éhpad quel que soit leur statut public ou privé, mettent en avant l’autonomie. Celle-ci est alors porteuse de représentations sociales positives comme le montrent ces deux extraits de brochure de deux Éhpad publics 35 Extrait d’une brochure d’un Éhpad public. 18 Sérénité et bien-être des lieux de vie dédiés à la convivialité, à la détente, à l’autonomie »35. 36 Extrait d’une brochure d’un Éhpad public. 19 Salle à manger, cafétéria, espace d’animation et salon de coiffure permettent aux résidents de participer à des activités visant au maintien de leur autonomie »36. 20Ainsi, l’autonomie est scandée comme un slogan publicitaire pour rassurer les familles et les résidents. Elle apparaît là encore comme un concept flou dont les définitions sont peu stabilisées. Dans ces extraits, les établissements mettent à disposition des lieux de vie dédiés à l’autonomie alors que dans un autre, la référence à l’autonomie est plus implicite 37 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 21 Pour éviter la perte d’autonomie, les personnes âgées sont invitées, en fonction de leurs possibilités et de leurs souhaits à participer aux actes de la vie quotidienne mise de la table, pliage du linge, atelier cuisine, jardinage37. 38 Christophe Bartholomé et Didier Vrancken, L’accompagnement un concept au cœur de l’Etat social ... 39 Ibid, 2005. 22En utilisant les vocables leurs possibilités » et leurs souhaits », c’est l’autonomie décisionnelle qui est directement ciblée. Les actes de la vie quotidienne mentionnés font référence au maintien d’une autonomie fonctionnelle. L’autonomie est donc une aspiration à atteindre dans ces établissements. Cependant, les niveaux d’incapacités des personnes âgées rendent illusoires, dans la pratique quotidienne, la promotion d’une telle autonomie. L’analyse des brochures révèle que c’est plutôt l’accompagnement au maintien de l’autonomie » qui est valorisé. Issu des politiques du handicap cette norme s’est diffusée largement dans les politiques sociales à destination des plus vulnérables38. Elle se caractérise par une approche individualisée et une recherche constante de l’activation des potentialités des personnes. Le contenu méthodologique de la pratique n’a pas été défini par les textes de loi, laissant le concept totalement ouvert sur la pratique39. Ainsi, dans les brochures, l’accompagnement au maintien de l’autonomie est mis en lumière pour répondre aux besoins des personnes âgées fragilisées par leur état de santé 40 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 23 L’ensemble du personnel est formé à l’accompagnement spécifique de la personne âgée. Présent en nombre important, il s’assure au quotidien du bien-être de chacun des résidents et encourage son autonomie, en tenant compte de ses particularités aussi bien psychologiques que médicales »40. 41 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 24 Le personnel formé à la gériatrie s’assure du bien-être des résidents et encourage son autonomie, en utilisant une approche parfaitement adaptée aux personnes âgées »41. 25À travers ces brochures, on remarque la manière dont ces établissements se présentent eux-mêmes pour attirer de la clientèle et rassurer les personnes âgées et leurs familles. Les Éhpad insistent sur les moyens mis en place pour encourager », stimuler, préserver ou restaurer » l’autonomie des résidents. Ces textes sont, la plupart du temps, agrémentés de photographies mettant en scène les soignants dans l’accompagnement aux actes de la vie quotidienne. 26Après avoir réalisé un état des lieux des cadres structurant par le haut les expériences de vie des personnes âgées dépendantes, il convient de s’interroger sur les répercussions de l’injonction à l’accompagnement au maintien de l’autonomie dans la pratique quotidienne au sein des Éhpad. II – Les mirages de l’autonomie en Éhpad 42 Valentine Trépied, Devenir dépendant. Approche sociologique du grand âge en institution, thèse de d ... 27Sur le terrain, la réalité est beaucoup plus contrastée. L’autonomie prônée dans les établissements semble un mirage c’est-à-dire une notion valorisante mais difficile, voire impossible, à appliquer. Un certain nombre d’inégalités structurelles analysées tant du point de vue de l’aménagement de l’espace que des populations accueillies, rendent illusoire la mise en pratique de l’injonction à l’autonomie42. Ainsi, il existe un décalage manifeste entre les discours affichés sur l’autonomie et l’individualisation de la prise en charge. 28Tout d’abord, nous décrirons la mise à l’épreuve dans la vie quotidienne des injonctions institutionnelles à l’accompagnement à l’autonomie » A, puis on s’interrogera sur la manière dont sont perçus les actes quotidiens d’autonomie des résidents B ainsi que leur ressenti concernant les liens de dépendance qu’ils entretiennent avec les soignants C A – La mise en dépendance des existences 43 Catherine Mercadier Le travail émotionnel des soignants, Paris, Seli Arsan, 2008. 29L’accueil d’une population aux lourdes incapacités physiques et/ou psychiques ainsi que les difficultés du secteur gériatrique manque de personnel, de formations et exigence de productivité ne sont pas toujours compatibles avec la valorisation de l’autonomie des résidents. Les pratiques professionnelles s’organisent plutôt autour des pratiques de nursing43, routinières, réalisées avec une automaticité selon un temps imparti. Les soins d’hygiène et de confort toilette, habillage, distribution de médicaments, etc. y sont prédominants et rythment le quotidien des résidents. La gestion planifiée de la vie quotidienne impose des rythmes institutionnels et collectifs aux personnes âgées ce qui réduit leur autonomie. L’extrait d’entretien réalisé avec une directrice d’établissement privé non lucratif est, à ce titre, explicite 44 Directrice d’un Éhpad privé non lucratif. 30 Alors le matin ils ont le petit-déjeuner, la douche, le repas, on les descend, il faut les remonter pour la sieste et après à trois heures on leur dit c’est l’animation ». Alors, des fois, il faut les stimuler parce que si on écoute tout ce qu’ils disent ils ne vont rien faire…ils sont très contents après les animations. Voyez aujourd’hui on a un problème d’ascenseur …, donc on va les descendre pour manger, on va les remonter pour faire la sieste et on va les redescendre pour les animations et on va les remonter ou peut-être pas parce qu’à 17h30 il y a la messe, donc de la messe il faut les redescendre pour le repas donc pour le personnel ça leur fait une sacrée journée ! Une sacrée journée aussi aux résidents ! »44 31En décrivant une journée au sein de son établissement, cette directrice témoigne des rythmes soutenus et rationnalisés de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. L’utilisation du pronom personnel on » traduit les relations de dépendance étroites existant entre les résidents et le personnel. Durant mes observations, j’ai pu remarquer plusieurs pratiques institutionnelles réduisant inévitablement l’autonomie des personnes âgées. Par exemple, l’usage systématique des protections pour les incontinences est courant. Cette pratique permet de gagner du temps et de faciliter le travail des soignants. Parfois, j’ai été interrompue dans la réalisation de mes entretiens avec les résidents par l’intervention d’un professionnel entrant dans la chambre de l’un de mes enquêtés pour changer sa protection, sans d’ailleurs attendre que je quitte la chambre pour intervenir. 32Ainsi, la mise en dépendance totale des résidents par certaines pratiques professionnelles contredit les injonctions au maintien de leur autonomie. Tout se passe comme si l’autonomie était, pour le moins, partiellement inatteignable du fait de l’organisation du travail et comme si les professionnels sous pressions étaient contraints, par souci d’efficacité et gain de temps, à restreindre l’autonomie des personnes âgées. Finalement, c’est de fait une injonction à la mise en dépendance totale et entière aux professionnels qui organise les existences et l’autonomie n’est pas encouragée. Elle peut même être, dans certaines situations, stigmatisée par le personnel. B – La stigmatisation de l’autonomie au quotidien 45 Emile Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, coll. Quadrige », 2007 1ère éditio ... 46 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie e ... 33Depuis la loi de 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, les Éhpad doivent fournir aux résidents un contrat de séjour définissant les droits et les obligations de l’établissement et des personnes âgées. Celles-ci s’engagent alors à respecter les autres résidents, les règles de fonctionnement, à adopter un comportement respectueux à l’égard de tous les membres de la structure personnel, résident et donc à respecter l’ordre social interne. L’ordre social, s’entend comme un ordre moral qui émerge de l’intériorisation de normes et de valeurs par l’individu45. Dans une perspective interactionniste, en Éhpad, les personnes âgées doivent tenir un rôle de dépendant » entendu comme personne incapable de vivre seule et assujettie aux autres46. Certaines actions individuelles des résidents, traduisant une volonté d’autonomie, peuvent dès lors être interprétées comme la manifestation d’une transgression à l’ordre social interne à l’institution et conduire des résidents à se sentir pointés du doigt par le personnel voire à être stigmatisés. C’est le cas d’une personne âgée de 87 ans, ancienne ouvrière, atteinte d’une tumeur au visage qui lui déforme les yeux et lui réduit son champ de vison. Elle a déjà fait plusieurs chutes occasionnées par son handicap. Cependant, elle met un point d’honneur à continuer à marcher seule sans l’aide d’un déambulateur ou d’une chaise roulante. Elle se distingue des autres résidents car elle privilégie, malgré son état de santé, l’utilisation de l’escalier 47 Mme Erable, 87 ans, ancienne femme de ménage, trois enfants, Éhpad public. 34 Une chose que je fais, ça les étonne, je ne prends jamais l’ascenseur, je descends et je remonte les escaliers seule parce que j’estime que les ascenseurs sont faits pour les fauteuils roulants, oui parce qu’il y en a beaucoup. Moi, ça me fait du bien de marcher, de faire bouger mes articulations. Alors quand je rencontre l’infirmière, elle me dit Comment ? Vous ne prenez pas l’ascenseur ? ». Elle me dit qu’il faut que je fasse attention parce que j’ai des malaises à cause de ma tumeur, je tombe assez souvent »47. 35En adoptant un rôle social différent de celui attendu, cette résidente met l’établissement à l’épreuve. En effet, elle ne se résout pas à utiliser l’ascenseur et en dépit des accidents potentiels, elle cherche à garder coûte que coûte une prise sur son existence. L’infirmière qui est garante de l’état de santé des personnes âgées, lui signale les risques encourus par son comportement. En utilisant l’expression, ça les étonne » et en citant l’infirmière, elle démontre qu’elle ressent une certaine forme de stigmatisation. Son comportement interpelle les soignants de l’établissement et ils ne l’encouragent pas, ne l’accompagnent pas dans sa volonté de garder une certaine forme d’autonomie. On peut observer cette transgression des règles institutionnelles dans d’autres situations, comme par exemple, l’entretien de la chambre. Certaines personnes âgées souhaitent garder une marge de manœuvre sur cette activité en nettoyant elles-mêmes leur espace privé malgré les recommandations du personnel. 36Ainsi, ces exemples montrent que les initiatives individuelles des personnes âgées vivant en Éhpad ne sont pas toujours encouragées. Au contraire, elles doivent respecter l’ordre social interne qui repose sur une norme de dépendance entière et totale aux professionnels. On peut désormais se demander comment ces personnes vivent cette expérience de la dépendance dans les liens qu’elles nouent avec les soignants. C – L’expérience inégale de la relation soignante 48 Valentine Trépied, Solitude en Éhpad. L’expérience vécue de la relation soignante par les personn ... 49 Erving Goffman, Stigmates, les usages sociaux des handicaps, Éditions de Minuit, coll. Le sens co ... 37En Éhpad, les liens entre les personnes âgées et les soignants sont spécifiques, car ils ne sont pas électifs. En effet, les résidents ne choisissent pas les professionnels intervenant au quotidien auprès d’eux. Ces relations constantes sont imposées. Toutefois, l’expérience de la relation soignante est inégale selon les personnes âgées48. Pour certaines d’entre elles - celles disposant de ressources économiques, familiales, culturelles etc. les plus fortes - la relation soignante se fait sous le mode d’une coopération totale et entière. Les professionnels sont décrits par les résidents avec des qualificatifs valorisants et bienveillants, par exemple elles sont très gentilles », elles prennent soin de nous ». Les personnes âgées endossent en quelque sorte le rôle de résident idéal », celui qui ne demande pas trop de travail. Pour elles, la relation soignante peut être envisagée comme une sorte de levier identitaire leur permettant d’acquérir une reconnaissance sociale et une valorisation identitaire. Elles cherchent à tout prix à mettre à distance le stigmate lié à dépendance49. Pour d’autres, personnes âgées – celles appartenant à des milieux sociaux plus hétérogènes -, les liens se font avec une certaine ambivalence. La vie institutionnelle cristallise tout un ensemble de frustrations identitaires. Elles souhaitent être accompagnées dans la vie quotidienne par le personnel, mais elles sont particulièrement insatisfaites des relations nouées. Ces personnes regrettent de ne pas susciter davantage d’attention et d’empathie. Par exemple, cette résidente âgée de 83 ans, ancienne secrétaire Je n’arrive pas à faire ma toilette seule du côté droit. Personne ne m’aide. Je n’ose pas demander aux filles, car elles sont débordées. On manque de personnel et d’argent ». 50 Bernard Ennuyer, Les malentendus de la dépendance. De l’incapacité au lien social, Dunod, coll. A ... 51 Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Gallimard, coll. Folio Essai », Paris, 1 ... 38Tout en étant constante et régulière, la relation soignante est pauvre en qualité et en contenu. Les résidents pointent du doigt l’ensemble des dysfonctionnements de l’Éhpad et ils critiquent souvent avec virulence la pénurie de personnel, l’insuffisance des aides, le manque de temps des soignants. Ainsi, les interactions les renvoient à une image dévalorisée d’eux-mêmes et le sentiment d’être transparents dans les échanges. Enfin, pour une autre catégorie de résidents, les relations avec les professionnels sont particulièrement destructrices. Ces personnes se conforment entièrement à la définition et aux représentations sociales associées à la dépendance dans la société c’est-à-dire à des sentiments d’inutilité sociale, d’assujettissement aux autres et de déchéance50. Ces personnes âgées dépendantes ont le sentiment d’être des inutiles au monde »51 et d’être rejetées par le reste de la société. Les liens avec les soignants renforcent leur sentiment de déshumanisation comme l’explique cette résidente âgée de 88 ans, ancienne employée 39 On subit, on subit, on subit tout…Vous attendez pour tout …. Le mot j’arrive ! », vous savez, je le connais et puis vous attendez. » 40Cette forme de relation soignante est davantage représentée chez les résidents qui ont eu des existences marquées par des trajectoires de vulnérabilisation ayant fragilisé toutes les dimensions de leur existence sociale et individuelle. Ils sont plus souvent isolés sur le plan familial. 41Il ressort de ces témoignages notamment que l’autonomie en Éhpad est en fait un mirage, la norme étant celle d’une dépendance totale et entière des personnes âgées vis-à-vis des professionnels qui organisent les existences. Toutefois, les résidents ne s’approprient pas tous de la même manière cette norme de dépendance. Certains arrivent à maintenir une valorisation identitaire tandis que d’autres n’y parviennent pas. Conclusion 42L’autonomie est donc une norme prescrite et largement valorisée dans les politiques de la vieillesse, une injonction normative organisant les existences des personnes âgées dépendantes. Cependant, cette injonction est floue et peu stabilisée dans les textes. Parfois, elle permet de réaffirmer un lien de citoyenneté aux résidents et de les protéger en réaffirmant des droits humains fondamentaux. Elle paraît tout de même réduite à une conception incapacitaire et médicale insistant sur ce que les personnes âgées ne savent plus faire. En Éhpad, l’autonomie est également utilisée comme un outil de communication ce qui permet de trancher avec les représentations négatives associées à ces établissements. Cependant, on constate que le fossé est grand entre la promotion de l’autonomie des personnes hébergées et la réalité, c’est-à-dire l’insuffisance des moyens humains et financiers de nature à permettre la concrétisation de cette injonction. Ce n’est pas une norme d’autonomie qui organise les existences et le travail des soignants mais c’est une norme de dépendance entière et totale aux professionnels. Les actes quotidiens faisant preuve d’autonomie peuvent être stigmatisés par le personnel. L’expérience de la dépendance aux soignants est vécue de manière inégale par les personnes âgées. Elles ne disposent pas toutes des mêmes ressources pour mettre à distance ou accepter la dépendance dans les liens qu’elles entretiennent avec les soignants. 43Les prochaines réformes du secteur doivent impérativement prendre en compte ce profond décalage entre autonomie affichée et dépendance pratiquée qui engendre de la souffrance et de la frustration, à la fois pour les soignants et pour les résidents. Cela nécessite des taux d’encadrement en personnel plus important et de la formation. Il apparaît également primordial et légitime de prendre en considération le point de vue des personnes âgées, leur ressenti concernant l’accompagnement en Éhpad afin d’éclairer les pouvoirs publics et orienter leurs décisions. 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L’expérience vécue de la relation soignante par les personnes âgées dépendantes », Gérontologie et Société, 149, 91-104, 2016. Valentine Trépied, Devenir dépendant. Approche sociologique du grand âge en institution, Paris, thèse de doctorat en sociologie à l’EHESS, 2015. Alain Villez, ÉHPAD la crise des modèles », Gérontologie et Société, 123, 169-184, 2007. Sabrina Volant, L’offre en établissement d’hébergement pour personnes âgées en 2011 », Études et Résultats, Drees, 877, 2014. Haut de page Notes 1 Marianne Muller et Delphine Roy, L’Éhpad, dernier lieu de vie pour un quart des personnes décédées en France en 2015 », Etudes et Résultats, DREES, 1094, 2018. 2 Sabrina Volant, L’offre en établissement d’hébergement pour personnes âgées en 2011 ». Études et Résultats, 877, février, 2014. 3 Alain Villez, Éhpad la crise des modèles », Gérontologie et Société, 123, 169-184, 2007. 4 Isabelle Mallon, Vivre en maison de retraite. Le dernier chez soi, Rennes, PUR, 2004. 5 Olivier Saint-Jean et Dominique Somme, 2003, Taux d’encadrement et médicalisation des établisse­ments d’accueil pour personnes âgées. Données de l’enquête EHPA », Gérontologie et Société, 104, 13-21. 6 Serge Paugam, La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, coll. Le lien social », 2007. 7 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie et société, n°145, 25-35, 2013. 8 Hélène Thomas, Les vulnérables. La démocratie contre les pauvres, Paris, Editions du Croquant, coll. Terra », 2010. 9 L’Allocation Personnalisée à l’Autonomie APA. 10 Cet article s’appuie sur une enquête réalisée dans le cadre d’un travail doctoral soutenu à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales EHESS de Paris en 2015. 11 L’enquête a été menée au sein de deux établissements gérés par des groupes privés, deux appartenant au secteur public et un rattaché à un groupe associatif. 12 Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Paris, Delagrave, 1994. 13 Alain Ehrenberg, La société du malaise. Le mental et le social, Paris, Odile Jacob, coll. Sciences humaines », 2010. 14 Nicolas Duvoux, L’autonomie des assistés. Sociologie des politiques d’insertion. Paris, PUF, coll. Le lien social », Paris, 2009 ; Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Paris, Gallimard, coll. Folio Essai », 1999. 15 Ibid, 1999. 16 Ibid, 2009. 17 Bernard Ennuyer, Les malentendus de la dépendance. De l’incapacité au lien social, Paris, Dunod, coll. Action sociale », 2004. 18 Ibid, 2004. 19 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie et société, n°145, 25-35, 2013. 20 Loi n° 97-60 du 24 janvier 1997. 21 Autonomie Gérontologique Groupe Iso Ressources. 22 Loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie. 23 Ibid, 2013. 24 Ibid, 2013 25 Extrait de la Charte des droits et libertés des personnes âgées en situation de handicap ou de dépendance en 2007. 26 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie et société, n°145, 25-35, 2013. 27 Loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement. 28 Ibid, 2013. 29 Loi n° 2002-2. 30 Nicole Benoit-Lapierre, Rithée Cevasco et Markos Zafiropoulos, Vieillesse des pauvres. Les chemins de l’hospice, Les Éditions ouvrières, coll. Économie et humanisme », Paris, 1980 ; Carmen Bernand, Les vieux vont mourir à Nanterre. Paris, Les Éditions du Sagittaire, 1978. 31 Section 1 Des fondements de l’action sociale et médico-sociale, article 2 de la loi n° 2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale. 32 Section 2 Des droits des usagers du secteur social et médico-social, article 7 de la loi n°2002-2 rénovant l’action sociale et médico-sociale. 33 Le livret d’accueil, la charte des droits et libertés de la personne accueillie, le contrat de séjour, la personne qualifiée, le Conseil de la Vie sociale, le règlement de fonctionnement, le projet d’établissement. 34 Article 8 de la Charte des droits et libertés de la personne accueillie. 35 Extrait d’une brochure d’un Éhpad public. 36 Extrait d’une brochure d’un Éhpad public. 37 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 38 Christophe Bartholomé et Didier Vrancken, L’accompagnement un concept au cœur de l’Etat social actif. Le cas des pratiques d’accompagnement des personnes handicapées », Pensée plurielle, n°10, 85-95, 2005. 39 Ibid, 2005. 40 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 41 Extrait d’une brochure d’un Éhpad privé à but lucratif. 42 Valentine Trépied, Devenir dépendant. Approche sociologique du grand âge en institution, thèse de doctorat en sociologie à l’EHESS, 2015. 43 Catherine Mercadier Le travail émotionnel des soignants, Paris, Seli Arsan, 2008. 44 Directrice d’un Éhpad privé non lucratif. 45 Emile Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, coll. Quadrige », 2007 1ère édition 1893. 46 Bernard Ennuyer, Enjeux de sens et enjeux politiques de la notion de dépendance », Gérontologie et société, n°145, 25-35, 2013. 47 Mme Erable, 87 ans, ancienne femme de ménage, trois enfants, Éhpad public. 48 Valentine Trépied, Solitude en Éhpad. L’expérience vécue de la relation soignante par les personnes âgées dépendantes », Gérontologie et Société, 149, 91-104, 2016. 49 Erving Goffman, Stigmates, les usages sociaux des handicaps, Éditions de Minuit, coll. Le sens commun », Paris, 975. 50 Bernard Ennuyer, Les malentendus de la dépendance. De l’incapacité au lien social, Dunod, coll. Action sociale », Paris, 2004. 51 Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Gallimard, coll. Folio Essai », Paris, de page Pour citer cet article Référence électronique Valentine Trépied, Autonomie et vieillissement en institution le regard d’une sociologue », La Revue des droits de l’homme [En ligne], 17 2020, mis en ligne le 19 octobre 2020, consulté le 21 août 2022. URL ; DOI de page Auteur Valentine TrépiedValentine Trépied est Sociologue PhD et spécialiste de la vieillesse et du vieillissementDu même auteur Document Vidéo Paru dans La Revue des droits de l’homme, 17 2020 Haut de page Droits d’auteur Tous droits réservésHaut de page
Siune personne âgée souhaite conserver son domicile mais ne peut plus vivre seule, le site quant à lui
la Résidence Paul VALERY a ouvert ses portes le 23 février 2019,. Située à Clermont Ferrand, entre le quartier de la Pradelle et le quartier des Ronzières, cette magnifique Résidence accueille 80 personnes âgées dans un cadre architectural parfaitement adapté à tout type dépendance. Conçue pour répondre efficacement aux besoins et aux attentes spécifiques des personnes âgées, cette résidence bénéficie des derniers acquis de la gérontologie, aussi bien dans l’aménagement et la disposition des locaux, qu’au niveau des espaces collectifs adaptés,conviviaux et sécurisants. Découvrez notre résidence, en cliquant sur le lien ci dessous Résidence Paul VALERY - Visite virtuelle
Lesdroits des résidents. Les personnes âgées accueillies en établissement bénéficient d'un certain nombre de droits, qui se traduisent notamment par les éléments suivants : le contrat de séjour ; le conseil de la vie sociale ; la charte des droits des personnes âgées. Le contrat de séjour. Le conseil de la vie sociale.
Préambule à la Charte Par une lettre de mission en date du 13 novembre 2020, Madame Brigitte Bourguignon, ministre déléguée en charge de l’Autonomie, a demandé à Fabrice Gzil, directeur adjoint de l’Espace de réflexion éthique d’Île-de-France, de produire – en concertation étroite avec l’ensemble des acteurs concernés – une Charte éthique sur les valeurs et les principes de l’accompagnement des personnes âgées. Une éthique engagée et impliquée. L’éthique peut se définir comme une réflexion sur le sens et la valeur de nos actions. Dans le domaine du soin et de l’accompagnement, elle vise à rendre les pratiques plus responsables, justes et respectueuses de la personne. Elle n’est donc pas une affaire de spécialistes hors-sol, mais d’abord une relation entre des personnes en situation de vulnérabilité et tous ceux – professionnels, bénévoles, aidants familiaux, proches aidants – qui sont présents au plus près d’elles. Par conséquent, loin de donner des leçons de morale, l’éthique vise à éclairer et soutenir la démarche de celles et ceux qui s’efforcent, au quotidien, d’accompagner les personnes ayant besoin d’aide et de soins. Comme nous y invite Emmanuel Hirsch, nous ne devons pas oublier qu’en témoignant cette attention et cette sollicitude à l’autre, ces intervenants sont les veilleurs qui défendent les valeurs de notre démocratie et de notre République. Commander la Charte et sa déclinaison affiche Grand âge une réflexion ancienne. En France, une réflexion éthique est menée depuis de nombreuses années sur l’accompagnement des personnes âgées. Un groupe de réflexion Éthique et société – Vieillesse et vulnérabilités a notamment été mis en place à l’Espace éthique de l’AP-HP dès 1997. Et au fil des rencontres que nous avons organisées ces dernières années, nous avons constaté à quel point les professionnels et les équipes se questionnent sur le sens et les valeurs qui sous-tendent leur accompagnement et souhaitent engager une démarche éthique concertée. La nécessité d’une réflexion renouvelée. Plusieurs éléments rendent aujourd’hui nécessaire un approfondissement et un renouvellement de cette réflexion. D’une part, la révolution de la longévité » un nombre de plus en plus important de personnes poursuivent leur existence jusqu’à un âge avancé. D’autre part, un changement de culture les personnes qui avancent en âge n’acceptent plus aujourd’hui d’être considérées comme des objets de soins ; elles veulent être reconnues comme des sujets de droit. Enfin, c’était l’une des conclusions du document-repère Pendant la pandémie et après. Quelle éthique dans les établissements accueillant des citoyens âgés ?1 l’ensemble des acteurs estiment aujourd’hui nécessaire de clarifier les valeurs qui devraient servir de boussole pour mieux se repérer dans les pratiques. Et ils souhaitent renforcer et affirmer la part de l’éthique dans l’exercice de leurs missions. Ces quelques constats inspirent la rédaction de cette Charte. Une très large consultation. En nous appuyant d’une part sur le cadre légal notamment l’article du CASF, d’autre part sur les référentiels existants cf. Annexe A - Bibliographie sélective et enfin sur les apports du document-repère, nous avons rédigé une première ébauche. Celle-ci a été proposée à la discussion des personnes concernées dans le cadre de quatre groupes de travail et à partir d’une enquête nationale à laquelle ont contribué pas moins de 4 333 personnes cf. Annexe B – Enquête nationale Synthèse des résultats. La présente Charte intègre ainsi les apports de 4 350 contributeurs personnes âgées, aidants familiaux et proches aidants, professionnels du secteur, bénévoles et citoyens intéressés par ces questions. Une éthique universelle, déclinée dans le contexte du grand âge. Trois convictions ont présidé à l’écriture de cette Charte. La première est qu’il ne saurait y avoir une éthique spécifique aux personnes âgées. Celles-ci sont des citoyens partageant les mêmes droits et devoirs avec les autres membres de la société. C’est pourquoi la présente Charte énonce dix principes universels ils valent quel que soit l’âge ou la situation de vie des personnes concernées, avant de les décliner pour tenir compte des spécificités du grand âge. Une prise en compte de l’extrême diversité des situations. La deuxième conviction est que les personnes qui avancent en âge sont extrêmement diverses, ne serait-ce que par leur histoire personnelle, leur environnement, leur lieu de vie, leurs problèmes de santé ou leurs éventuelles autres difficultés physiques, sensorielles, psychiques, cognitives. Nous avons eu à coeur de ne jamais renoncer à prendre en compte cette diversité, afin que les principes puissent s’appliquer de manière personnalisée à tous. Une éthique de la nuance et de la complexité. La troisième conviction qui a présidé à l’écriture de cette Charte est que, face à des enjeux humains aussi sensibles, il est impératif d’assumer une éthique de la nuance et de la complexité. Ainsi, la Charte renouvelle assez profondément la culture de l’accompagnement des personnes âgées. Elle s’inscrit résolument dans une approche capacitaire » et inclusive ». Mais elle le fait sans méconnaître la difficulté qu’il y a, en situation, à faire vivre ces valeurs et ces principes. Une mise en évidence des tensions éthiques. Nous avons enfin pris soin de ne pas énoncer des principes isolés les uns des autres, mais de bien mettre en évidence – en chaque point – les tensions qui peuvent exister entre plusieurs valeurs ou principes, et les conflits, notamment de loyauté, qui peuvent en résulter dans le processus décisionnel. Il nous semble en effet que c’est à partir du moment où l’on reconnaît et assume cette complexité que l’on entre véritablement en éthique. Soutenir l’engagement et la réflexion de tous. Cette Charte – en plus de proposer un cadre et des repères communs – vise à contribuer à un plus juste engagement de celles et ceux qui investissent dans le soin et l’accompagnement un sens élevé de la responsabilité humaine et de nos solidarités démocratiques. Nous souhaitons qu’elle puisse favoriser l’esprit critique et accompagner les évolutions actuelles dans les pratiques et les organisations. Elle devrait également constituer un support pour analyser, d’un point de vue éthique, les situations concrètes parfois difficiles à arbitrer sur le terrain. Les approfondissements qui suivent l’énoncé de chacun des dix principes ont été rédigés de façon à pouvoir servir de support à des actions de sensibilisation et de formation. Chacun peut s’approprier cette Charte et la faire vivre dans sa pratique. Elle s’enrichira à travers les échanges et approfondissements qu’elle suscitera. Nous suivrons avec intérêt les évolutions auxquelles ce document contribuera et tiendrons compte des propositions qui permettront de la développer si nécessaire. L’équipe de l’Espace de réflexion éthique d’Île-de-France et de l’Espace national de réflexion éthique sur les maladies neuro-évolutives se tient à votre disposition, dans le cadre de ses missions, pour vous accompagner dans cette démarche éthique de responsabilisation partagée. Présentation publique de la Charte au Ministère des Solidarités et de la santé Charte présentée le 2 septembre 2021. Complément - Pendant la pandémie et après. Quelle éthique dans les établissements accueillant des citoyens âgés ? Un document repère pour soutenir l’engagement et la réflexion des professionnels, rédigé à la demande de Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée en charge de l'autonomie auprès du Ministre des solidarité et de la santé F3LQvB.
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